Beauvoire est pompiste. Pompiste à Pantin. Depuis sa station service, qui ne pourrait être que l'épicentre d'un grand nulle part, le narrateur de ces Chroniques fait du périurbain le centre de toutes choses.
Quoi de mieux en effet que ce non-lieux - dont Beauvoire se sert de promontoire - pour observer et écouter le mouvement de notre monde ?
Volontiers caustique, doté d'un humour qui n'a d'égal que la nostalgie et le sérieux dont il se prévaut volontiers, notre pompiste, qui se révèle être un écrivain hybride quelque part entre Georges Perec et Jean Baudrillard, transforme le lieu de l'incertain en fabrique de fictions et de fantasmes. Après tout, celles-ci n'ont parfois besoin que d'un plein de super pour forcer les portes de notre imaginaire.
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Lieu de consommation anonyme, la station-service est le tremplin de tous les instincts.
Ce que je vends le plus: le Coca Zéro.
Le Coca Zéro. Les chewing-gums. Les chips. Les magazines érotiques ou d’automobiles. Les cartes de France. Les sandwichs. L’alcool. Les barres chocolatées (Mars en tête). Et évidemment l’essence.
Une certaine idée du monde en fait : un monde totalement junkie, dont je serais le principal dealer.
6 bis
Je pense à la cocazéroïsation de l’humanité. »