Très beau roman choral qui donne à entendre la jeunesse allemande sous le régime nazi.
Avec une succession de courts chapitres, Béatrice Nicodème nous entraîne dans une valse de personnages qui pour certains se croisent et qui sont tous liés d’une manière ou d’une autre par leurs choix, leurs décisions face à l’horreur qui s’annonce. Elle brosse le portrait d’une jeunesse allemande prise dans la tourmente d’une façon très juste, sans manichéisme.
On rencontre Franz et Hugo, allemands non juifs, qui déclarent une guerre clandestine au Führer en fabricant de faux papiers ou simplement en prenant la défense de tous les indésirables du régime nazi. Sophie est une jeune fille qui découvre qu’elle est enceinte après avoir passé une nuit avec Otto, fier représentant des Streifendienst (service de patrouille qui fait respecter la discipline au sein des jeunesses hitlériennes) et qui va faire l’expérience des Lebensborn, association gérée par la SS dont le but est d’accélérer la création et le développement de la race aryenne. Magda est le personnage le plus complexe et le plus touchant d’une certaine manière. Juive parfaitement assimilée à la culture allemande, elle se retrouve à espionner pour le compte des Nazis dans l’espoir qu’ils libéreront ses parents du camp où ils ont été fait prisonniers.
Tous découvrent petit à petit l’ampleur des mensonges et de la manipulation des Nazis et leur inavouable, impensable conception de l’Humanité.
Il n’est si longue nuit est un très beau roman qui à travers le vécu de personnages, pour certains inspirés de personnes réelles, nous livre un témoignage poignant et tristement réaliste sur une guerre cruelle au cœur même de l'Allemagne des années 1940.